MÉTHODOLOGIE DE L'ÉTUDE DE TEXTE SUITE ET FIN


3 COMMENT EXPLIQUER UN TEXTE PHILOSOPHIQUE? Travail d'écriture
31) Préparation
            Pour préparer votre devoir, vous devez vous poser deux genres de questions, les premières, vous ne pourrez peut être pas y répondre le jour J, car elles nécessitent la mobilisation des connaissances, c'est pourquoi tout au long de l'année vous devez constituer des fiches sur les auteurs du programme. Que savez- vous de l'auteur ? de sa philosophie ? de l'époque ? Du contexte culturel ? De l'école philosophique à laquelle il appartient ? De celle de ses contradicteurs possibles ? Les secondes questions sont essentielles. Vous devez absolument être capables d'y répondre. Les réponses seront organisées sous forme de tableau. De quel thème s'agit-il ? (Liberté? Conscience? Droit?...) Quel est le problème? Quels sont les arguments? Quels sont les présupposés ou les principes sur lesquels ils s'appuient? Quels sont les conséquences de ces affirmations?
                Dans la dissertation, vous devez partir de la question et faire apparaître les réponses contradictoires, au contraire, dans l'étude de texte, à partir de la réponse donnée par l'auteur, vous devez faire surgir la question et les oppositions. La problématisation est l'identification du problème, mais, sauf exception comme nous le verrons, le problème est déjà réglé puisque le philosophe soit donne sa thèse, soit corrige l'opinion ou réfute celle d'autres philosophes, soit indique ce qui doit être. La solution est donc déjà fournie et c'est en partant de cette solution qu'il faut identifier à quelle question la thèse de l'auteur répond et quelles sont les autres réponses possibles et / ou contradictoires. But : découvrir le problème dont la thèse est une solution possible. Dans la dissertation, il faut aller de la question au problème, dans le texte, il faut "remonter" de la solution au problème. Il est important ici (et nous y reviendrons) d'insister sur le sens précis du mot problème (soulignons que la spécificité du travail philosophique, c'est l'élaboration d'un vocabulaire rigoureux. Le travail du philosophe est de penser, c'-à-d. de penser vrai,et pour ce faire il construit l'outil de base de la pensée: le concept. Nous y reviendrons) Le terme de problème est galvaudé dans la langue commune, tout est problème et les élèves généralement confondent problème et question. Il s'imagine qu'en posant une question, voire plusieurs comme le conseillent la plupart des manuels parascolaires expliquant les méthodes de la dissertation, ils ont construit une problématique, mot également dévoyé, car abondamment utilisé dans d'autres disciplines et il est difficile au professeur de philosophie de corriger les usages abusifs et de rétablir le sens exact. Disons pour le moment, qu'il y a problème lorsqu'à une question donnée, il y a plusieurs réponses possibles ou contradictoires. Un texte philosophique est paradoxal au sens étymologique du terme en ce sens qu'il s'oppose à une « doxa», une opinion. Chercher le problème, c'est trouver ce à quoi le texte s'oppose. Mais ce paradoxe peut prendre des formes très diverses. Par exemple, partons des cinq objectifs que nous apprendrons à reconnaître. Lorsque l'objectif du philosophe est de corriger une opinion commune (textes reconnaissables par les formules commençant les deux premières phrases comme nous le verrons. Le geste mental du philosophe revient à cette formule : on croit que...mais en réalité...)le philosophe s'attaque à l' opinion commune. Lorsque son objectif est de réfuter une thèse, il s'attaque à la thèse d'un autre philosophe. (ce sont les textes les plus difficiles à traiter parce que le candidat doit être juge et trancher entre deux thèses soutenues par deux philosophes. Mais on voit ici quelle confiance ont les professeurs en leurs élèves puisqu'ils estiment qu'en neuf mois de préparation, ils seront capables de traiter d'égal à égal avec les maîtres. Soulignons que nous avons là le critère d'une juste autorité: Une autorité peut être considérée comme juste lorsqu'elle fait tout pour transmettre ce qui constitue ses pouvoirs à ceux sur lesquels elles s'exercent. Ainsi les philosophes par leurs écrits s'efforcent de transmettre leur savoir et savoir faire et c'est en cela qu'ils sont des maîtres à penser et non des maîtres penseurs comme certains ont voulu le faire croire.) Lorsque son objectif est de juger de ce qui doit être, il dit ce qu'il faut dire ou ce qu'il faut faire en opposition à ce qui se dit ou ce qui se fait. Lorsque l'objectif du philosophe est de poser sa thèse, il faudra rechercher l'opinion ou la thèse adverse qui l'infirme. Enfin lorsque son objectif est de soulever un problème, la recherche est facilité par les termes mêmes utilisés par le philosophe «Le paradoxe, c'est que...», ou: «Le problème est que...». C'est ici l'exception à l'affirmation selon laquelle tout texte est la résolution d'un problème. Ici l'extrait de texte (n'oublions jamais que nous travaillons sur des extraits) saisit la démarche du philosophe au moment où il pose le problème et souligne sa difficulté. Pour saisir le problème, il faut donc être attentif à l'objectif du texte, à sa structure et aux points de discussion (cf plus haut 242) le bilan. Nous expliquerons plus en détail cet outil) Il faut apprendre à reconnaître les phrases du texte qui suggèrent la nature antithétique ou paradoxale de ce qu'il affirme. On doit alors être capable de dresser le tableau suivant résumant ce qu'on a lu,et ce qu'on a déduit de ce qu'on a lu La partie rouge représente ce qu'on trouvera toujours, le minimum, les parties vertes et jaunes ce qui peut être plus ou moins fourni par le texte et ce qui doit être trouvé.

PRÉSUPPOSÉS  OU PRINCIPES
                            POSTULATS
ORIGINE             OU FONDEMENT
         PRÉSUPPOSÉS OU PRINCIPES               POSTULATS       
         ORIGINE OU FONDEMENT
                                    THÈSE                        ANTITHÈSE
                            OBJECTIF                      
                PRISE DE POSITION                      
                     IDÉE GÉNÉRALE                     
                             ARGUMENTS
                        OPPOSITION
               POINTS DE DISCUSSION
                   CONTRE-ARGUMENTS
                             IMPLICATIONS
                          CONSÉQUENCES
                                   ENJEU
                           IMPLICATIONS
                        CONSÉQUENCES
                               ENJEU
  
La thèse repose sur des hypothèses, des présupposés, càd des éléments qui se trouvent posés préalablement à une affirmation et dont dépend cette même affirmation, même si ces éléments ne se trouvent pas explicitement formulés. La thèse du philosophe est donnée, parfois aussi la thèse opposée comme nous le verrons, mais il faut souvent, de la thèse fournie par le philosophe, de la solution qu'il donne remonter à la thèse adverse, au problème posé. Enfin pour savoir ce que valent ces deux thèses en présence, il faut identifier leurs bases, soit les postulats ou présupposés contestables d'où elles viennent, ce qui est à l'origine de ces thèses; soit les principes fondés sur lesquels elles s'appuient. Il faut aussi être capable d'évaluer les conséquences théoriques ou pratiques qu'elles peuvent impliquer. En fonction des textes certains de ces éléments seront fournis, les autres seront à déduire.
32)Présentation sur la copie
                    De nombreuses discussions ont eu lieu entre les inspecteurs de philosophie et les professeurs sur les exigences de l'épreuve et la façon d'y répondre. Entre les deux démarches possibles, aucune n'a été privilégiée. On peut soit exposer la démarche et les idées de l'auteur et au fur et à mesure interroger, préciser et discuter ses propos; soit, et c'est la démarche que je privilégie, on étudie le texte et on en discute ensuite, ce qui donne une plus grande clarté des propos et permet une meilleure saisie du texte. Mais quelle que soit la démarche, il doit y avoir, comme le précise le libellé une compréhension précise du texte et un compte rendu du problème, d'où l'appellation de cet épreuve donnée par notre inspectrice de philosophie nous expliquant ce nouveau libellé en 2002: la dissertation sur texte. En effet, ce n'est ni un commentaire, ni une étude de texte, mais une explication du texte permettant de discuter du problème posé. Or dans mes dernières années de correction au baccalauréat, la majorité des élèves se contentaient d'une explication du texte, trop souvent hélas pure paraphrase, sans aucun effort de discussion.
321) L'introduction générale de l'intérêt philosophique
                Puisque le texte à expliquer est centré sur un problème, il convient de faire de ce problème le point de départ de l'introduction. Elle a pour fonction de présenter le paradoxe du texte parce qu'il s'oppose à une opinion commune, à un préjugé ou éventuellement à la thèse d'un autre philosophe. L'introduction du texte, comme celle de la dissertation, comme nous le verrons, comporte quatre éléments: l'acheminement, la question, le problème et l'enjeu.
L'acheminement : Il peut se faire soit dans l'ordre de la pensée, soit dans l'ordre de l'action. Dans l'ordre de la pensée, ce texte est extrait de l'ouvrage d'un philosophe. Il est apparu dans un contexte, celui de la philosophie de l'auteur et dans un contexte historique déterminé. On se sert ici de ses connaissances de l'auteur, de sa doctrine, du contexte, connaissances dont nous avons souligné qu'elles pouvaient bien manquer. Il est évident que c'est cette sorte d'introduction qu'on doit privilégier, mais d'une part il n'est pas toujours possible de la faire, elle dépend du savoir de l'élève et d'autre part elle nécessite une pertinence dans le choix des connaissances, de la référence à l'auteur, à son œuvre. Souvent c'est l'occasion pour l'élève de déverser un savoir livresque inutile car n'apportant rien à la compréhension du problème posé et parfois erroné (j'ai trouvé dans une copie du baccalauréat Descartes présenté comme un philosophe grec!) La règle première est l'utilité des connaissances. On doit s'interdire toute considération sur la vie de l'auteur, tout résumé de sa pensée, toutes louanges a priori inutiles. Dans l'ordre de l'action, c'est l'introduction qui est toujours possible. Il faut situer le problème dans l'actualité. La question dont traite le texte est une question qui nous concerne nous dans notre vie d'aujourd'hui. C'est l'actualité de la pensée philosophique qui, parce qu'elle saisit toujours l'essentiel, concerne l'homme dans son humanité. C'est ce qu'il est toujours difficile de faire comprendre à des élèves : un texte poussiéreux écrit parfois il y a plus de deux mille ans par de vieux birbes barbus nous concerne nous, citoyens du XXI siècle, dans notre vie d'aujourd'hui, ici et maintenant ( c'est précisément cet aspect qui m'a fait entrer en philosophie, le choc causé par la lecture du premier livre de philosophie emprunté à la bibliothèque de ma classe le Gorgias de Platon. J'ai été stupéfait par l'actualité de ce livre qui répondait à mes questions concernant une période politique troublée, la guerre d'Algérie et les menées subversives de l'O.A.S.) Dans tous les cas, la démarche doit être homogène, simple, et directe. Il faut éviter les détails et les développements qui alourdissent, situer le texte en n'indiquant que ce qui est nécessaire de connaître pour pouvoir comprendre le problème et ne pas détourner la conversation.
La question : Vous avez à trouver et à formuler la question à laquelle répond l'auteur.
Le problème : Vous devez indiquer les positions contradictoires en jeu.
L'enjeu : c'est ici l'intérêt philosophique du texte. Il se manifeste soit dans l'ordre de la pensée, de la philosophie, soit dans l'ordre de l'action.
dans l'ordre de la pensée, le texte concerne
 LA PHILOSOPHIE      LE PHILOSOPHE     LE PHILOSOPHER 
Le texte renvoie à un milieu culturel philosophique.
 Il s'appuie,  dépasse ou
s'oppose à d'autres textes philosophiques
Le texte est centré sur unenotion essentielle de la   philosophie de l'auteur   Le texte illustre une démarche
 propre aux philosophes (analyse critique d'une opinion, recherche de la norme
dans l'ordre de l'action, l'intérêt philosophique peut porter sur l'actualité de la thèse. Le texte répond aux questions qui selon Kant résument toute la philosophie:
Que puis-je savoir? Que dois-je faire? Que puis-je espérer? Qu'est-ce que l'homme?
322) L'introduction de l'étude ordonnée.
                Elle est absolument essentielle. C'est ici que l'élève peut manifester toute sa compréhension du texte et le faire savoir au correcteur. Vous devez présenter l'objectif de l'auteur, la structure du texte, le mouvement de la pensée, les oppositions conceptuelles. Vous répondez à ces deux questions : quelle est la thèse de l'auteur ? Comment l'argumente- t- il ?L'introduction comprendra alors deux paragraphes, le premier présentant la thèse de façon explicite et précise en soulignant l'importance que le philosophe accorde à cette idée ; le second dégageant l'enchaînement des idées, présentant la démarche de l'auteur sans entrer dans les détails et en ne retenant que la démarche. C'est là un travail difficile, car auparavant les élèves n'ont jamais effectué un tel travail. Vous avez deux exemples donnés précédemment texte de Hegel et texte de Kant (cf. 22) les démarches d'exposition). Vous en aurez d'autres.
323) L'explication
Après avoir expliqué le propos général du texte et indiqué la forme de son développement, il faut rentrer dans l'analyse de détail.
                                       
CE QUE VOUS DEVEZ FAIRE
                Vous devez expliquer le texte en suivant les démarches de l'auteur, en montrant la logique interne de son discours, en expliquant pourquoi il passe de cette idée à cette autre. Il faudra ici utiliser le vocabulaire des démarches spécifiques du philosophe (vocabulaire dont on peut regretter qu'il ne soit pas officiellement défini par les instances académiques, ce qui permettrait un langage commun et précis à tous, professeurs et élèves. J'utiliserais des termes trouvés ici et là dans tel ou tel ouvrage didactique, voire emprunté aux philosophes eux-mêmes, d'autres que j'ai du forger au cours de mon professorat. Rappelons que la caractéristique première du philosophe est de savoir ce que parler veut dire et qu'exiger des apprentis qu'ils utilisent un tel vocabulaire ne peut que faciliter leur apprentissage et la compréhension des textes. Nous devons opérer en philosophie le même travail opéré par les mathématiciens dans l'axiomatisation et la logicisation de leur discipline.)
        En présentant les idées sans rien oublier, sans faire innocemment comme si une ligne, une proposition n'avait pas été écrite. (Souvent pressé par le temps, je donnais à mes élèves un texte lu rapidement et c'est en corrigeant leurs copies que je découvrais les passages difficiles, c'était toujours ceux qu'ils « oubliaient » d'expliquer!) Il y a des passages obligatoires, des points de contrôle vite repérés par les professeurs: ce sont ces passages difficiles où les élèves sont attendus, or s'ils ne sont pas au rendez-vous, la sanction est lourde, car non seulement le correcteur doit mettre une pénalité pour fuite devant la difficulté, mais encore il doit estimer que si le candidat avait traité ce passage, il aurait commis la plus grave erreur commise par les candidats n'ayant pas fui la difficulté. Il y a donc double pénalité! Mieux vaut s'attaquer au passage difficile, formuler plusieurs hypothèses, voire même avouer sa difficulté à comprendre ce passage que de faire comme si un tel passage n'avait jamais été écrit. Le correcteur ne sera jamais dupe!
                Deux attitudes sont à maintenir constamment : le respect et la neutralité.
RESPECT : il faut dégager exactement le sens du texte, suivre la pensée du philosophe avec un a priori positif sans introduire de réflexion personnelle. La démarche est strictement explicative sans prise de position. Il faut dans les passages difficiles accorder d'abord à l'auteur que sa pensée a du sens, en la créditant a priori de cohérence, trouver les explications favorables, sans penser qu'il énonce des banalités. Il faut lire le texte au bénéfice de l'auteur sans systématiquement le décrier et soutenir qu'il n'a rien compris à rien. Ce n'est pas pour autant devenir des béni-oui-oui. On se réserve le droit de la critique. C'est pour cela en partie que je préfère que l'étude précède la discussion et non que les deux s'entremêlent à chaque proposition. Pour manifester ce respect il est essentiel que vous soyez clairs dans la présentation des démarches et des idées de l'auteur. Vous êtes jugés sur cette capacité, oh combien importante dans les relations humaines, à comprendre exactement l'autre. L'apport de la philosophie dans les classes terminales consiste surtout dans ces aptitudes qu'elle fournit aux citoyens, dans ce philosopher qui permet de s'approprier ces outils vitaux pour leur vie professionnelle, familiale ou sociale. C'est la réponse à donner à la sempiternelle question : « M'sieu, à quoi ça sert la philo? » Or le moyen le plus simple de parvenir à cette clarté est de nommer le philosophe lorsqu'on estime rapporter directement ses idées ( Descartes avance...pour démonter cela il affirme que...) Descartes par ci, Descartes par là. On n'hésite pas à utiliser abondamment le nom de l'auteur chaque fois que l'on entend exprimer ses propos. Mais lorsqu'on intervient pour proposer une hypothèse, faire une suggestion, tirer une conclusion, on utilise alors des formules directes du genre « que signifie cette expression ?... Précisons le sens exact de ce terme,... essayons de comprendre ce que Descartes entrevoit par là... à quelles conséquences peut mener une telle affirmation?... quelle idée nous suggère un tel passage.?.. »Nous signifions alors clairement au lecteur (le correcteur) que c'est nous qui intervenons en expliquant ce qu'a dit l'auteur, car un critère de correction de l'épreuve est de vérifier que la pensée de l'auteur est comprise avec précision (relisez le libellé de cette épreuve) et donc le correcteur doit toujours pouvoir faire la distinction entre ce que vous faites dire à l'auteur et ce que vous ajoutez de votre part et vous l'aidez par ces formules. Vous devez toujours très nettement indiquer quand vous renvoyez à l'auteur et quand vous intervenez personnellement. (Notons que des élèves réussissent l'exploit de parler du texte sans jamais faire aucune référence à l'auteur!)
Neutralité : Il n'y a pas de place pour l'émotion, n'écrivez donc pas que le texte vous émeut ou vous passionne, qu'il vous indigne ou qu'il vous choque...Dans la dissertation, vous avez toute liberté pour exprimer votre pensée. Au contraire, dans l'étude du texte, vous devez respecter la pensée de l'autre. Comme dans une discussion, vous devez laisser l'autre parler, sans émettre de critique. Surtout pas de critique avant une analyse rigoureuse des idées et démarches de l‘auteur. N'oubliez pas que, à ce stade votre but est de présenter les arguments de l'auteur, vous êtes son porte-parole pour bien faire comprendre son raisonnement et ses idées au lecteur de votre étude.
                              CE QUE VOUS NE DEVEZ PAS FAIRE
                    Prendre le texte pour un prétexte à disserter; en faire un résumé ou procéder à une analyse parcellaire en brisant l'enchaînement des idées, ou coller sans rigueur des propositions prises ici ou là dans le texte. (C'est une pratique de plus en plus constante et cela peut s'expliquer par le fait que les élèves ne sont plus dans la galaxieGutenberg, mais que très tôt ils ont été « massés » par les médias audiovisuels. Ainsi face à un texte, ils le lisent comme ils lisent un écran de télévision. Dans la galaxie Gutenberg, c'est l'écrivain qui détermine par sa syntaxe le lien des termes et on est amené, du moins dans notre système, à suivre la séquence des mots de gauche à droite, puis à passer à la deuxième ligne et ainsi de suite. Face à un écran, c'est l'oeil du spectateur qui décide de se porter sur tel ou tel point, et c'est ce qui fait le charme des films que l'on voit et revoit, car à chaque fois, nous n'y voyons pas la même chose. Je dois cette explication possible à un excellent livre de deux psychologues expliquant de quelles manières le monde audiovisuel transforme nos manières de penser, parce qu'il touche à nos outils même. J'essaierai de retrouver la référence)
                    Vous ne devez pas non plus paraphraser, en fournissant une étude répétitive, qui n'apporte aucun élément complémentaire. ( soit dit en passant je suis très admiratif devant la capacité de certains élèves à trouver des synonymes adéquates pour fournir une véritable copie-miroir! Mais hélas, ce n'est pas cette capacité qui est évaluée!) Comment éviter la paraphrase ? On dégage les idées de chaque terme de la phrase, on explique le sens des propos, on analyse ce qui est dit. On formule des questions. Il faut être dynamique. L'étude n'est pas une stérile copie, mais elle doit produire de l'intelligibilité.
                  Vous devez faire une transition entre la partie explication et la partie dissertation en reformulant la question à laquelle le texte répond, en synthétisant la démarche de l'auteur et en redonnant le problème posé en soulignant les points discutables.
324) L'intérêt philosophique
                Je maintiens ici l'ancienne dénomination d'avant 2002, c'est ce que le nouveau libellé appelle le compte-rendu du problème dont il est question.
sa détermination : Elle se fait à partir de deux analyses et de deux connaissances :
                                      l'analyse de la forme et l'analyse du fond,
                                      La connaissance de la forme et la connaissance du fond.
L'analyse du fond, c'est le champ lexical qui nous permet de savoir s'il est question de société ou de désir, de vérité ou de justice. L'analyse de la forme, c'est la reconnaissance de l'objectif et le suivi des démarches d'argumentation permettant la saisie de la thèse et de la démonstration. La connaissance de la forme, c'est justement ce à quoi veut parvenir cette méthode : connaître les démarches du philosopher pour y avoir assisté en pénétrant dans l'atelier des philosophes. Enfin la connaissance du fond, c'est la connaissance du cours qui permet à l'élève de se rappeler que sur la justice, la vérité, la société, etc...le philosophe se pose tel et tel problème. Notons que ce sont les deux analyses qui doivent primer sur les connaissances, car il est vite arrivé que l'élève se laisse entraîner par son savoir et récite ses connaissances en perdant de vue le texte. Les connaissances sont utiles, on doit en avoir, mais elles doivent toujours être soumises à analyse : c'est leur pertinence qui compte.
Mettre en évidence l'intérêt philosophique du texte, c'est souligner l'importance du problème, son enjeu pour la philosophie, le philosophe, le philosopher, tout homme d'aujourd'hui.
Son but, Sa structure :
Son But : réfléchir sur la valeur de la solution proposée. Il ne s'agit plus cette fois de comprendre ce qui est dit, mais de se demander ce que cela vaut. Il faut : soit démontrer en quoi la solution du problème donnée par l'auteur est supérieure (d'un point de vue théorique ou pratique) aux autres solutions possibles. Il faut en démontrer la solidité face à l'anthithèse.Soit il faut démontrer la faiblesse des arguments, dire en quoi la thèse est critiquable, et pourquoi d'autres thèses lui sont préférables, par une critique interne soulignant faiblesses et insuffisances de la thèse et par une critique externe s'appuyant si possible sur la thèse contradictoire d'un autre philosophe.
Sa structure, C'est la structure d'une dissertation en trois parties :
Respect de la pensée de l'auteur : on développe sa pensée, on adopte son point de vue en enrichissant ses arguments, en les poussant dans leurs conséquences. Vous proposez d'autres justifications en faisant appel à d'autres auteurs partageant sa thèse.
Défiance et recul : on fait appel à d'autres auteurs, d'autres points de vue, d'autres démarches. Il y a défiance parce que la réponse de l'auteur n'est pas la seule possible et que la parole philosophique est soumise au contrôle de la réalité et des paroles concourantes et concurrentes des autres philosophes. Cela consiste en un jugement d'évaluation de la thèse, avec les points positifs et les réserves.
Choix personnel : on donne ses raisons d'adhérer ou de ne pas adhérer, on discute certains points, on dépasse l'opposition par une analyse conciliant les points de vue.
325) La conclusion
                    Elle résume la démarche suivie, souligne l'intérêt et l'enjeu du texte, répond à la question. On fait le bilan, on souligne les difficultés, on formule clairement et définitivement la réponse, on ouvre sur les conséquences ou une autre question. (Attention : réfléchissez bien avant de terminer par une question. Trop souvent les élèves posent en terminant une question à laquelle ils auraient du répondre dans le développement. Cela peut être catastrophique)
                  L'étude de texte est un exercice qui exige beaucoup d'attention, de rigueur, une fidélité extrême au texte; certes son atout, et c'est la raison pour laquelle beaucoup de candidats la choisissent, c'est qu'elle fournit une bonne part des idées, alors que dans la dissertation, on doit tout tirer de soi-même. Mais c'est une épreuve exigeante et mieux vaut ne la choisir que si tout au cours de l'année on a réussi ce genre d'épreuve.

                   Voici terminée la présentation de la méthodologie, il reste maintenant à la mettre en pratique. Pour mieux la comprendre, vous pourrez bientôt accéder à des textes étudiés où telle ou telle démarche de l'un de ces trois travaux (lecture, compréhension, écriture) sera utilisée, et à des exercices et à leurs corrigés. Voyez les pages : TEXTES ÉTUDIÉS et EXERCICES. Mais on vous demande un peu de patience, le blog se construit petit à petit.




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